Comité local de Paris

Appel des appels - 17 mai 2009 - CICP

Le comité de Paris de l'Appel des appels (ADA) s'est réuni le dimanche 17 mai de 10h à 18h au CICP (Centre International de Culture Populaire), 21 ter rue Voltaire dans le 11e, pour construire l'avenir de l'Appel 75. Une trentaine de personnes étaient présentes avec un roulement entre le matin et l'après-midi. Nous n'avons pas suivi précisément l'ordre du jour, lequel prévoyait en deuxième partie de journée des discussions par petits groupes de travail déjà constitués, à savoir le groupe "Novlangue" et le groupe "Refus d'obéissance". En effet, la matinée ne fut pas assez longue même en éliminant notre traditionnel tour de table ; la parole fut accordée à quelques personnes désireuses de nous rapporter des informations jugées nécessaires ou préoccupantes.

Un constat alarmant à propos des sans-abris et de la pauvreté en France : la dernière action sévèrement réprimée de l'association « Les enfants de Don Quichotte » avait pour objectif d'alerter l'opinion sur les promesses non tenues des pouvoirs publics vis-à-vis des sans-abris. La plupart des dossiers de demande d'hébergement sont à ce jour restées sans réponse, pas même un accusé de réception.

Selon les rapports officiels, il y a aurait 400 à 500 000 personnes dans la rue sans compter les squatteurs ; on y trouve aussi des retraités isolés pour qui la mendicité apporte un complément indispensable pour payer leur loyer. Et pour les morts de la rue, sans famille voire sans identité, nos institutions ont imaginé un procédé de « caveau à décomposition rapide » Voir le site « Le collectif des morts de la rue ».

Quant aux travailleurs pauvres, ils seraient entre 1 million 5 et 3 millions 5 selon les indicateurs !

A propos de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), rattachée à terme à la pénitentiaire pour mineurs et jeunes majeurs délinquants. Le personnel (8 000 sur toute la France et 2 000 en IdF) n'aura dorénavant plus le droit de s'occuper de la jeunesse en difficulté, pour qui il n'y a d'ailleurs plus de budget. Que va devenir la mission de ces personnels ? La PJJ est un laboratoire de ce qui risque de se passer ailleurs : une mission de prévention transformée en mission de répression, une population stigmatisée avec des dossiers pourvus de pastilles de différentes couleurs pour un classement par groupes et sous-groupes

A propos de la colère et du besoin de « dire que cette vie là ça ne va pas », un rapide tour de table a permis à certains - médecin, pédo-psychiatre, personnel de mission locale, journaliste, acteurs d'associations, enseignants - d'exprimer leurs difficultés à accomplir correctement leur travail et le mépris qu'ils rencontrent auprès des instances responsables. Tous parlent d'un désintérêt des institutions, leur manque de temps à consacrer aux personnes, comme le cas de cette jeune recrue d'un Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) à qui on confie la charge de suivre 60 enfants par semaine. Puis il y a le manque de financement, l'obligation de faire du chiffre, des missions détournées par l'exigence d'un travail statistique ou d'évaluation, etc.

La parole fut donnée à Laurence Croix chargée de nous faire un compte rendu de la réunion des 185 premiers signataires de l'ADA qui s'est tenue le samedi 16 mai, veille de notre assemblée. Le laps de temps trop court entre les deux réunions a rendu difficile la transmission construite et synthétisée de ce qui s'était dit, frustrant ainsi l'auditoire. Sa fatigue était visible, elle en était à sa troisième réunion dont l'une fut consacrée le 15 mai, sur l'initiative de Daniel Le Scornet, à la rencontre de l'ADA avec les syndicats (FSU-CFDT-CGT-Solidaires-Syndicat de la magistrature) et le collectif Alerte à la mairie du 11e. Ce débat ressenti comme plutôt positif doit se poursuivre avec d'autres syndicats et partis politiques. Tous ont convenu qu'il fallait penser et inventer d'autres formes de résistance.

Les 85 présents, sur les 185 premiers signataires réunis le 16 mai, ont souhaité que se constitue un comité d'actions avec une liste de professions et de secteurs d'activités présents dans les comités locaux ; ces acteurs pouvant ainsi faire remonter vers l'ADA des réflexions susceptibles de construire un programme de résistance.

Car il conviendrait de réfléchir à ce que pourrait être, par exemple, une action de l'Appel des appels. Certains d'entre nous ont alors pointé l'absence de relation entre les comités locaux et « l'instance » que constituerait le groupe des premiers signataires, ce qui pose à leurs yeux la question d'autonomie ou de non-autonomie des comités locaux. Un débat s'est alors instauré entre ceux qui, craignant le dictat d'un pouvoir venu d'en haut, souhaitaient l'autonomie locale et, pourquoi pas, la rupture avec l'ADA et puis ceux qui, la question de pouvoir ne les taraudant pas, acceptaient d'avoir une autonomie d'action sans forcément parler de rupture. Laurence a assuré qu'il n'y avait pas, de son point de vue, de blocage particulier à avoir avec l'ADA, faisant remarquer au passage que les comités de province avaient montré plus d'imagination et de d'enthousiasme que l'Appel 75. Par sagesse ou bien par désir de poursuivre quelque chose ensemble, nous avons finalement décidé, après le déjeuner, de mettre cette question de côté, d'éviter la confrontation et de nous concentrer sur des propositions au sein de notre organisation.

Trois thèmes principaux ont ensuite traversé les débats :

1-Il n'est plus possible de se taire. Qui est-on ? Qui doit-on être ? Que doit-on devenir ? 2-Quels outils de travail mettre en place pour construire ensemble. 3-Comment faire pour donner de la visibilité à ce qui ce passe, à ce que nous dénonçons ?

Les prises de paroles classées :

« Il n'est pas exclu que nous soyons dans une catastrophe sociale ; disparition des services publics ; continuer à être vigilant ; nous sommes truffés de contradictions ; il nous faut du temps ; c'est un travail énorme ; il est exclu qu'on puisse avoir les mêmes avis sur tout ; c'est comme cela que marche la démocratie ; il y a des colères ; ça ne va pas être évident ; il faut savoir ce que l'on ne veut pas ; nous sommes plus intellectuels que guérilleros ; c'est parti de ce quotidien professionnel que l'on vit : peur, angoisse, insécurité ; l'ADA a eu un grand succès et peut être dépassé par ce phénomène ; il y a des professions qui n'ont pas forcément la parole ; etc. »

Que doit-on devenir ?

« Il faut que le collectif de Paris puisse s'exprimer librement ; indépendance du comité local ; aller dans la direction de nos propres rêves ; il faut savoir ce que l'on ne veut pas être ; on doit devenir une structure de propositions en lien avec d'autres comités ; la visibilité viendra de notre dynamique ; il faut être un peu provocant ; on doit être une structure qui fait quelque chose de ce que les gens disent ; etc. »

Quels outils mettre en place ?

« Organiser nos débats ; établir une grille de fonctionnement ; l'ordre du jour des réunions doit être discuté en amont ; des réunions pour se concentrer sur une question ; approfondir une question jusqu'à la résoudre ; établir des synthèses ; relever les points qui ne font pas consensus ; répartir des tâches ; nécessité de garder la spécificité de l'appel avec les différentes professions ; etc. »

Quelle visibilité ?

« Nécessité de faire apparaître nos différents travaux ; faire remonter les textes qui font consensus pour les référencer sur le site national ; créer un site de l'Appel 75 avec une architecture plus riche ; faire des synthèses de l'expression des débats sur le site du comité local ; créer un forum libre ; faire apparaître les questions que se posent les groupes ; s'assurer du maximum de visibilité ; un accueil des nouveaux entrants ; etc. »

Points pratiques :

Le forum du site national est accessible à tout un chacun. Le comité de Paris dispose d'un onglet sur le site. Tout document faisant consensus aura vocation à y figurer. Après une validation collective, il pourra être posté par Jean - Marc qui en détient les codes. En attendant la création d'un site du comité local, et de savoir qui est prêt à s'en occuper, nous avons toujours la liste Yahoo à notre disposition.

Comme il n'est plus acceptable de louer des salles pour nous réunir (avance des frais), certains d'entre nous sont en recherche d'une salle gratuite pour la prochaine réunion fixée au samedi 20 juin.

Joëlle Poitral