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Le quotidien du médecin du 13/03/2012
BLUES aux Bluets. Derrière l’atmosphère paisible qui baigne la maternité aux couleurs pastel, le personnel est en colère et se tourne aujourd’hui vers l’Agence régionale de santé (ARS) francilienne.
Les comptes de l’établissement privé à but non lucratif sont dans le rouge. Le déficit cumulé atteint 6,6 millions d’euros, ce qui le place au bord de la cessation de paiement. Il ne survit que sous la perfusion d’une avance de trésorerie de l’association gestionnaire de l’établissement Ambroise Croizat.
Mauvaise gestion ? Les Bluets se disent victimes de leur renommée et de l’inadaptation de la tarification à l’activité (T2A) au fonctionnement de cette maternité de type 1. Le nombre d’accouchements a augmenté de 1 960 en 2006 à près de 3 000 en 2011. Pour autant les crédits et les effectifs n’ont pas bougé. Le tarif d’une naissance normale a même accusé au fil des ans une diminution de 16 euros en 2009, 80 euros en 2010 et 23 euros en 2011. Quant aux césariennes, plus « rentables », les Bluets se félicitent de leur diminution de 19 % à 16,7 % l’an passé. « La T2A transforme notre pratique professionnelle jusqu’à l’absurde ! Pourtant notre modèle, qui intègre la prévention, n’est pas obsolète » s’offusque le Dr Claude Egullion, gynécologue-obstétricienne. « En tant que professionnelle, j’ai l’impression de m’être fait avoir : on nous a servi la T2A comme récompensant notre effort, or cela favorise une prise en charge exclusivement technique ». Le paradoxe est là : la prévention et l’accompagnement des familles est plébiscitée par les futurs parents mais ne rapporte rien à l’établissement.
Une délégation de représentants des syndicats et d’associations a été reçue jeudi dernier par le directeur du pôle établissements de santé de l’ARS, François Crémieux. « Nous souhaitons la reprise des déficits cumulés, le maintien des enveloppes consacrées aux missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (MIGAC) et la mise en place d’un financement au forfait qui nous permette d’être à l’équilibre », résume Gérard Hamon, délégué syndical CGT. « L’ARS a reconnu notre travail, et le fait que la santé publique n’est pas prise en compte par la T2A. On nous envoie une mission d’appui pour rentrer dans les clous et étudier d’autres financements », résume Virginie Gaussez, sage-femme et déléguée syndicale SUD à l’issue des négociations. Les personnels sont prêts à se battre : aucun engagement clair n’a été pris concernant la reprise du déficit ou le maintien de l’enveloppe MIGAC (600 000 euros).
Par Roland Gori, à lire dans Libération
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