Savoirs communs contre le capitalisme financier

Nous, étudiants et travailleurs précaires d’Europe, Tunisie, Japon, USA,
Canada, Mexique, Chili, Pérou et Argentine, nous nous sommes rencontrés à
Paris et à Saint-Denis du 11 au 13 Février 2011 pour partager nos
expériences et pour organiser un réseau basé sur nos luttes communes.
Notre nom est *Knowledge Liberation Front* et nous sommes votre crise!

Durant ces dernières années, nos mouvements se sont affirmés, en Europe,
comme un espace de conflit contre la privatisation des universités et la
précarité. Le Meeting de Paris et de Saint-Denis qui s’est connecté aux
mouvements révolutionnaires qui traversent la Méditerranée nous permet de
faire un pas important vers une nouvelle Europe contre l'austérité, en
partant des révoltes du Maghreb.


Nous sommes une génération qui vit la précarité comme condition permanente:
l'université n'est plus un levier pour la mobilité sociale, mais une usine à
précarité. Et l'université n'est pas un lieu isolé: notre lutte pour de
nouveaux droits sociaux, contre la précarité et pour la libre circulation
des savoirs et des personnes, ne s'arrête pas à ses portes.


En France, nous avons fait l’expérience de la précarisation de
l’enseignement et de la recherche, avec la LRU, la réforme de la formation
des enseignants, la multiplication des vacataires et la réduction des
postes. Le mot d’ordre de « l’ excellence » est devenu un prétexte pour
mettre en concurrence les universités et marchandiser nos diplômes. Nous
avons fait l’expérience de la précarisation et de la marchandisation de la
culture, avec la suppression des moyens et la désintégration du statut des
intermittents. Nous avons fait l’expérience de la précarisation de nos
droits avec la réforme des retraites. Nous devons continuer à penser qu’il
est possible de lutter, ensemble, et de changer le rapport de force. Nous
devons créer de nouveaux moyens d’action communs, de nouvelles manières de
nous organiser et d’inventer nos vies.


Notre réseau est basé sur notre lutte commune contre le Processus de Bologne
et contre la politique de coupes budgétaires dans l'éducation que l’Europe
est en train de développer en réponse à la crise. Etant donné que les
intérêts publics et privés collaborent à un processus de privatisation de
l'université, nos luttes n’ont pas le but de défendre le statu quo. Les
gouvernements sauvent les banques et privent de fonds l'éducation. Nous
voulons construire notre université - une université qui vive de nos
expériences d’autoformation et de recherche autonome, en libre accès. Une
université libre, gérée par les étudiants, les travailleurs précaires et les
migrants : une université sans frontières.


Nous avons conçu et enrichi nos revendications communes: pour le libre accès
à l'université, contre la hausse des impôts et les coupes dans l’éducation,
pour de nouveaux droits sociaux et des droits communs, contre la dette et la
financiarisation de nos vies, pour une formation basée sur la coopération,
contre les processus de hiérarchisation.

*Sur cette base, nous - le **Knowledge Liberation Front** - appelons aux
journées transnationales d'action commune du 24, 25 et 26 Mars 2011: *
*contre les banques, le système de dette et les mesures d'austérité, *
*pour le libre accès et la libre circulation des personnes et des
connaissances.*

Construisons nos actions, construisons notre autonomie, construisons notre
université !
Make capitalism history !
Unissez vous au *Knowledge Liberation Front*
Lutte et coopération, ceci est notre commun de Paris !
http://klfparis.blogspot.com/

Par Roland Gori, à lire dans Libération