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Nous, psychologues, étudiants en psychologie, enseignants-chercheurs en psychologie, psychiatres, professionnels dans le champ du soin psychique et dans le champ du travail social, usagers des services de soin et d’accompagnement, citoyens attachés à un service public de qualité, n’acceptons pas les projets du délégué ministériel à la santé et à la psychiatrie, du ministère de la santé et du gouvernement.
Nous n’acceptons pas la destruction des services publics de soin et l’externalisation vers des dispositifs low cost qui ne répondent pas aux besoins de la population quant à la prise en compte de la souffrance psychique.
Nous n’acceptons pas que les lieux de consultation et de soin soient asphyxiés et voués à disparaître, ou transformés en plateformes techniques de tri et d’orientation.
Nous n’acceptons pas que « Mon soutien psy » soit présenté comme une solution miracle répondant à toutes les situations où l’accès aux soins psychiques se trouve fragilisé ou entravé par des limitations structurelles de moyens dans l’offre conventionnelle de soins.
Nous n’acceptons pas que les psychologues et leur formation soient systématiquement disqualifiés par le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, par les ministres de la santé successifs, et par le gouvernement actuel, qui n’ont de cesse de vouloir les paramédicaliser, les soumettre au pouvoir médical, contraindre leurs pratiques, faire ingérence dans leur formation.
Nous n’acceptons pas que la souffrance psychique soit réduite à une mécanique « neurodéveloppementale », que l’être humain soit réduit à son cerveau, que le sujet soit considéré comme une simple somme de compétences cérébrales et comportementales.
Nous n’acceptons pas que la santé mentale soit restreinte au champ médical et que le soin psychique soit confisqué par le ministère de la santé. La santé mentale n’est pas qu’une affaire de médecine, elle est aussi une affaire d’humanité, et les sciences humaines et sociales ont toute leur place dans la prise en compte de la souffrance psychique, en articulation avec la médecine, mais sans nul besoin de lui être inféodées.
Nous n’acceptons pas les annonces successives du délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, les campagnes médiatiques massivement relayées, qui font croire que le gouvernement agit de manière pertinente pour répondre à la situation actuelle extrêmement préoccupante. Les dispositifs et lieux de soin pour tous, sans aucune discrimination ni d’âge ni de souffrance psychique, et gratuits pour les patients, existent déjà. Ils concernent le service public et le secteur privé participant aux missions de santé publique, avec des équipes compétentes : les centres médico-psychologiques et autres lieux d’accueil de la souffrance psychique, les universités pour les étudiants, les écoles pour les enfants, etc. Ces lieux manquent cruellement de praticiens, psychologues et autres. Et il serait bien plus pertinent que le délégué ministériel, le ministère de la santé et le gouvernement se soucient de la création de postes dans ces structures plutôt que d’imaginer des projets visant à dépenser l’argent public dans des dispositifs gadgets.
Nous n’acceptons pas cette mise en place d’une psychologie et d’une psychothérapie d’État ! Nous défendons une conception du soin psychique respectueuse de la singularité et de la complexité humaine, ainsi que de l’éthique des pratiques.
Par Roland Gori, à lire dans Libération
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