Livre de Jean Fourton : "Freud Franc-Maçon", aux Editions Lucien Souny

 Dossier de Presse

Parce que rien de la vie de Freud ne peut être dissocié ni de son cheminement

d’explorateur de l’inconscient, ni de son invention de la psychanalyse,

il est important aujourd’hui de réparer cet oubli. L’auteur

ne se contente pas, dans cet ouvrage, de retracer le parcours initiatique de

Freud, il permet au lecteur de découvrir l’ensemble d’une oeuvre sous une

autre perspective.

 

73 ans après la mort de Freud, on découvre

qu’il a donné à ses frères en loge la primauté

de ses travaux. Ainsi, le travail sur le rêve,

voie royale de l’inconscient, fut, pour la

première fois, dévoilé en loge en 1897.

Voici exposé un complément de biographie

qui rend le médecin viennois à la fois plus

proche, plus fragile, plus intime, mais aussi

plus mystérieux. Un homme capable de

parler à tout le monde de théories complexes

qui ont bouleversé notre compréhension

de l’homme.

Cette "révélation" est le maillon manquant

dans la chaîne du roman et du savoir freudiens.

Quarante-deux ans de fidélité discrète au

B’nai B’rith. Freud n’a été si longuement et

fermement assidu à aucune autre institution

au cours de sa vie. Pourtant, il se disait

sans conviction confessionnelle.

L’auteur analyse ici les relations fructueuses,

mais méconnues, que Freud a entretenues

avec le B’nai B’rith et la transmission, jusqu’à

aujourd’hui, d’un silence à ce sujet.

L’auteur a longuement étudié les archives

du B’nai B’rith et les archives freudiennes

de Washington désormais accessibles au

grand public.

Un livre qui s’adresse au grand public

curieux, mais aussi aux milliers d’analystes

et d’analysants intimement concernés par

l’aventure freudienne et le transfert à Freud

dans leurs pratiques au quotidien.

 

La vie et l’oeuvre de Freud ont donné

lieu à d’innombrables publications. Or, on

ne trouve rien, ou presque rien, sur l’appartenance

de Freud, plus de quarante ans

durant, à la loge Wien, au sein du B’nai

B’rith, une obédience maçonnique juive.

Le sujet est injustement méconnu. Les

biographes de Freud ne l’ont pas toujours

su ou ne l’ont jamais révélé. Il existe donc

un trou dans la trame historique de la psychanalyse,

dont la transmission est inséparable

de l’histoire de la vie de Freud.

 

 

La loge maçonnique, un refuge chaleureux et attentif pour l’exclu que

Freud était

Au XIXe siècle règne un climat résolument hostile aux Juifs, tout particulièrement

dans la capitale autrichienne. Au printemps 1897, l’année d’acceptation de Freud au

B’nai B’rith, l’empereur François-Joseph cède à la pression de l’opinion publique et

accepte un militant antisémite, Karl Lüger, comme maire de Vienne. La tension est

vive…

Les motivations justifiant que Freud se tourne vers la franc-maçonnerie sont probablement

multiples, mais deux d’entre elles s’imposent : l’isolement et l’état dépressif traversés

par Freud. En raison des découvertes qui scandalisent son époque, à peu près tout

le monde, sauf son ami et médecin Edmund Kohn, lui tourne le dos. De surcroît, en

octobre 1896, Freud perd son père Jakob, ainsi que son père spirituel, Jean-Martin

Charcot.

Pour le sortir de son isolement, Edmund Kohn suggère à son patient sérieusement

dépressif de déposer une demande d’entrée au B’nai B’rith, dont il fait lui-même partie.

Il propose de le parrainer. L’initiation de Freud aura lieu deux ans après sa demande, le

29 septembre 1897, à la loge Wien.

Freud ne trouvera nulle part ailleurs que dans cette loge un secours, un refuge, un

accueil aussi solidaire, chaleureux et attentif. Il y restera fidèle durant quarante-deux ans

et en fera un usage privilégié. Car une loge est un échantillon, un miroir de la société.

Freud y rencontrera des individus appartenant à des horizons socio-professionnels extrêmement

divers. Elle deviendra son premier auditoire, avant même les facultés et les

sociétés savantes.

 

Un intérêt historique fondamental

L’appartenance fidèle, mais presque occulte, de Freud, de 1897 à sa mort en 1939,

à l’ordre franc-maçonnique du B’nai B’rith et l’usage qu’il fit de l’auditoire de cette institution

revêtent un intérêt historique.

Le 7 décembre 1897, Freud donna sa première conférence sur le rêve, la seconde

étant programmée le 14 décembre. Encouragé par le succès rencontré lors de ce test, il

produira le même travail à l’université de Vienne devant trois auditeurs… De quoi le

conforter dans le choix de son nouveau public. Ainsi, il prononcera au moins vingt-sept

conférences dans sa loge, ce qui demeure quasiment inconnu aujourd’hui.

Au-delà de ses interventions, Freud s’engage à titre plus personnel dans son obédience.

Son sens communautaire prévaut. Par exemple, il fonde à Vienne, en 1900, trois

ans après son intronisation, une nouvelle loge qui s’appellera Harmonie, un mot qui fait

partie du triptyque de base du B’nai B’rith : Bienveillance-Amour fraternel-Harmonie.

 

Un ordre généreux et discret

Aujourd’hui, l’ordre du B’nai B’rith est présent dans plus de cinquante pays et

réunit environ 500 000 membres à travers le monde. Au temps où Freud en était

membre, il en comportait dix fois moins. Il est toujours très actif, discret, généreux,

tolérant, caritatif et juif.

L’institution a vu le jour au XIXe siècle, alors que l’antisémitisme régnait dans les

autres obédiences maçonniques du monde. Elle n’est pas seulement un laboratoire

d’idées ; mais son travail altruiste sur le terrain international, dans l’ombre, est remarquable,

et ce depuis très longtemps. Déjà au lendemain de la première guerre mondiale,

sous l’égide du président Wilson, le B’nai B’rith a contribué à rédiger le traité de Versailles,

notamment sur la question de la protection des minorités.

Mais, en raison de sa discrétion, le B’nai B’rith demeure encore aujourd’hui peu

connu du grand public. Pourtant, il répond présent dans le monde chaque fois que la

situation l’exige.

 

Des actes concrets en harmonie avec ses convictions séculaires

Au-delà de son activité culturelle considérable, il finance des hôpitaux (cinq à travers

le monde), des orphelinats (sept), des établissements d’enseignement, des maisons

de repos, des pouponnières, des plantations de forêts, des centres pour enfants inadaptés,

des parrainages d’enfants nécessiteux, etc. L’institution s’engage dans les grandes

causes internationales et la réparation de catastrophes naturelles dans un esprit de tolérance

exemplaire, ses soutiens étant tournés vers des populations ou des particuliers

aussi bien juifs que non-juifs.

 

 

« La psychanalyse constitue une entreprise éminemment sociable »

« D’une part, j’étais parvenu pour la première fois à pénétrer dans les profondeurs

de la vie pulsionnelle humaine […]. D’autre part, la communication de mes découvertes

déplaisantes eut pour résultat de me faire perdre la plus grande partie de mes relations

humaines d’alors ; je me sentais comme proscrit, évité de tous. Dans cet esseulement

s’éveilla en moi le désir d’un cercle d’hommes choisis, à l’esprit élevé, qui m’accueilleraient

amicalement en dépit de ma témérité. Votre association me fut désignée comme

le lieu où pouvaient se trouver de tels hommes. » Sigmund Freud, Correspondance 1873-

1939, NRF, Gallimard, 1979, page 397.

En 1924, il écrira à son confrère Georg Groddeck : « Il est difficile de pratiquer la

psychanalyse en isolé. Elle constitue une entreprise éminemment sociable. » Et Jean

Fourton d’ajouter que « toute l’histoire de la psychanalyse, y compris de nos jours, se

trouve émaillée d’associations de praticiens, d’assemblées qui se nouent et se délitent,

comme si tout groupe était un corps avec ses organes, ses maladies, ses états d’âme, sa

dynamique, un début et une fin ».

 

L’auteur

Jean Fourton est artiste-plasticien. Il expose en France et à

l’étranger.

Clinicien-psychanalyste depuis 1973, il fut membre de

l’Ecole freudienne de Paris fondée par Jacques Lacan dont il

était l’analysant et l’élève. Il est à l’origine de la bibliothèque

freudienne de Limoges créée en 1984.

On lui doit entre autres L’Amour de la psychanalyse, paru

aux éditions Lucien Souny en 1984.

 

Cette incise biographique n’est en rien anecdotique. Au contraire ! Le fait que Freud fut

franc-maçon a une importance capitale dans l’histoire et la transmission de la psychanalyse.

« Imaginons que, de génération en génération, on se repasse presque religieusement un livre

auquel manque une page. Il y a des limites à naviguer sans visibilité. Surtout quand le

domaine clinique est concerné. […] Dans les repères chronologiques de l’histoire freudienne,

il y a d’habitude un trou, entre 1895 et 1900, comme si rien ne s’était passé, notamment en

1897… » Quel sens donner à cette étrange absence ? L’auteur nous éclaire dans cet ouvrage.

 

Le B’nai B’rith fait ainsi partie de la globalité de l’histoire affective, donc transférentielle,

investie par l’inventeur de la psychanalyse et généralement, sans le savoir, par ses successeurs,

ses héritiers jusqu’à aujourd’hui.

Par Roland Gori, à lire dans Libération