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Dossier de Presse
Parce que rien de la vie de Freud ne peut être dissocié ni de son cheminement
d’explorateur de l’inconscient, ni de son invention de la psychanalyse,
il est important aujourd’hui de réparer cet oubli. L’auteur
ne se contente pas, dans cet ouvrage, de retracer le parcours initiatique de
Freud, il permet au lecteur de découvrir l’ensemble d’une oeuvre sous une
autre perspective.
• 73 ans après la mort de Freud, on découvre
qu’il a donné à ses frères en loge la primauté
de ses travaux. Ainsi, le travail sur le rêve,
voie royale de l’inconscient, fut, pour la
première fois, dévoilé en loge en 1897.
• Voici exposé un complément de biographie
qui rend le médecin viennois à la fois plus
proche, plus fragile, plus intime, mais aussi
plus mystérieux. Un homme capable de
parler à tout le monde de théories complexes
qui ont bouleversé notre compréhension
de l’homme.
• Cette "révélation" est le maillon manquant
dans la chaîne du roman et du savoir freudiens.
• Quarante-deux ans de fidélité discrète au
B’nai B’rith. Freud n’a été si longuement et
fermement assidu à aucune autre institution
au cours de sa vie. Pourtant, il se disait
sans conviction confessionnelle.
• L’auteur analyse ici les relations fructueuses,
mais méconnues, que Freud a entretenues
avec le B’nai B’rith et la transmission, jusqu’à
aujourd’hui, d’un silence à ce sujet.
• L’auteur a longuement étudié les archives
du B’nai B’rith et les archives freudiennes
de Washington désormais accessibles au
grand public.
• Un livre qui s’adresse au grand public
curieux, mais aussi aux milliers d’analystes
et d’analysants intimement concernés par
l’aventure freudienne et le transfert à Freud
dans leurs pratiques au quotidien.
La vie et l’oeuvre de Freud ont donné
lieu à d’innombrables publications. Or, on
ne trouve rien, ou presque rien, sur l’appartenance
de Freud, plus de quarante ans
durant, à la loge Wien, au sein du B’nai
B’rith, une obédience maçonnique juive.
Le sujet est injustement méconnu. Les
biographes de Freud ne l’ont pas toujours
su ou ne l’ont jamais révélé. Il existe donc
un trou dans la trame historique de la psychanalyse,
dont la transmission est inséparable
de l’histoire de la vie de Freud.
La loge maçonnique, un refuge chaleureux et attentif pour l’exclu que
Freud était
Au XIXe siècle règne un climat résolument hostile aux Juifs, tout particulièrement
dans la capitale autrichienne. Au printemps 1897, l’année d’acceptation de Freud au
B’nai B’rith, l’empereur François-Joseph cède à la pression de l’opinion publique et
accepte un militant antisémite, Karl Lüger, comme maire de Vienne. La tension est
vive…
Les motivations justifiant que Freud se tourne vers la franc-maçonnerie sont probablement
multiples, mais deux d’entre elles s’imposent : l’isolement et l’état dépressif traversés
par Freud. En raison des découvertes qui scandalisent son époque, à peu près tout
le monde, sauf son ami et médecin Edmund Kohn, lui tourne le dos. De surcroît, en
octobre 1896, Freud perd son père Jakob, ainsi que son père spirituel, Jean-Martin
Charcot.
Pour le sortir de son isolement, Edmund Kohn suggère à son patient sérieusement
dépressif de déposer une demande d’entrée au B’nai B’rith, dont il fait lui-même partie.
Il propose de le parrainer. L’initiation de Freud aura lieu deux ans après sa demande, le
29 septembre 1897, à la loge Wien.
Freud ne trouvera nulle part ailleurs que dans cette loge un secours, un refuge, un
accueil aussi solidaire, chaleureux et attentif. Il y restera fidèle durant quarante-deux ans
et en fera un usage privilégié. Car une loge est un échantillon, un miroir de la société.
Freud y rencontrera des individus appartenant à des horizons socio-professionnels extrêmement
divers. Elle deviendra son premier auditoire, avant même les facultés et les
sociétés savantes.
Un intérêt historique fondamental
L’appartenance fidèle, mais presque occulte, de Freud, de 1897 à sa mort en 1939,
à l’ordre franc-maçonnique du B’nai B’rith et l’usage qu’il fit de l’auditoire de cette institution
revêtent un intérêt historique.
Le 7 décembre 1897, Freud donna sa première conférence sur le rêve, la seconde
étant programmée le 14 décembre. Encouragé par le succès rencontré lors de ce test, il
produira le même travail à l’université de Vienne devant trois auditeurs… De quoi le
conforter dans le choix de son nouveau public. Ainsi, il prononcera au moins vingt-sept
conférences dans sa loge, ce qui demeure quasiment inconnu aujourd’hui.
Au-delà de ses interventions, Freud s’engage à titre plus personnel dans son obédience.
Son sens communautaire prévaut. Par exemple, il fonde à Vienne, en 1900, trois
ans après son intronisation, une nouvelle loge qui s’appellera Harmonie, un mot qui fait
partie du triptyque de base du B’nai B’rith : Bienveillance-Amour fraternel-Harmonie.
Un ordre généreux et discret
Aujourd’hui, l’ordre du B’nai B’rith est présent dans plus de cinquante pays et
réunit environ 500 000 membres à travers le monde. Au temps où Freud en était
membre, il en comportait dix fois moins. Il est toujours très actif, discret, généreux,
tolérant, caritatif et juif.
L’institution a vu le jour au XIXe siècle, alors que l’antisémitisme régnait dans les
autres obédiences maçonniques du monde. Elle n’est pas seulement un laboratoire
d’idées ; mais son travail altruiste sur le terrain international, dans l’ombre, est remarquable,
et ce depuis très longtemps. Déjà au lendemain de la première guerre mondiale,
sous l’égide du président Wilson, le B’nai B’rith a contribué à rédiger le traité de Versailles,
notamment sur la question de la protection des minorités.
Mais, en raison de sa discrétion, le B’nai B’rith demeure encore aujourd’hui peu
connu du grand public. Pourtant, il répond présent dans le monde chaque fois que la
situation l’exige.
Des actes concrets en harmonie avec ses convictions séculaires
Au-delà de son activité culturelle considérable, il finance des hôpitaux (cinq à travers
le monde), des orphelinats (sept), des établissements d’enseignement, des maisons
de repos, des pouponnières, des plantations de forêts, des centres pour enfants inadaptés,
des parrainages d’enfants nécessiteux, etc. L’institution s’engage dans les grandes
causes internationales et la réparation de catastrophes naturelles dans un esprit de tolérance
exemplaire, ses soutiens étant tournés vers des populations ou des particuliers
aussi bien juifs que non-juifs.
« La psychanalyse constitue une entreprise éminemment sociable »
« D’une part, j’étais parvenu pour la première fois à pénétrer dans les profondeurs
de la vie pulsionnelle humaine […]. D’autre part, la communication de mes découvertes
déplaisantes eut pour résultat de me faire perdre la plus grande partie de mes relations
humaines d’alors ; je me sentais comme proscrit, évité de tous. Dans cet esseulement
s’éveilla en moi le désir d’un cercle d’hommes choisis, à l’esprit élevé, qui m’accueilleraient
amicalement en dépit de ma témérité. Votre association me fut désignée comme
le lieu où pouvaient se trouver de tels hommes. » Sigmund Freud, Correspondance 1873-
1939, NRF, Gallimard, 1979, page 397.
En 1924, il écrira à son confrère Georg Groddeck : « Il est difficile de pratiquer la
psychanalyse en isolé. Elle constitue une entreprise éminemment sociable. » Et Jean
Fourton d’ajouter que « toute l’histoire de la psychanalyse, y compris de nos jours, se
trouve émaillée d’associations de praticiens, d’assemblées qui se nouent et se délitent,
comme si tout groupe était un corps avec ses organes, ses maladies, ses états d’âme, sa
dynamique, un début et une fin ».
L’auteur
Jean Fourton est artiste-plasticien. Il expose en France et à
l’étranger.
Clinicien-psychanalyste depuis 1973, il fut membre de
l’Ecole freudienne de Paris fondée par Jacques Lacan dont il
était l’analysant et l’élève. Il est à l’origine de la bibliothèque
freudienne de Limoges créée en 1984.
On lui doit entre autres L’Amour de la psychanalyse, paru
aux éditions Lucien Souny en 1984.
Cette incise biographique n’est en rien anecdotique. Au contraire ! Le fait que Freud fut
franc-maçon a une importance capitale dans l’histoire et la transmission de la psychanalyse.
« Imaginons que, de génération en génération, on se repasse presque religieusement un livre
auquel manque une page. Il y a des limites à naviguer sans visibilité. Surtout quand le
domaine clinique est concerné. […] Dans les repères chronologiques de l’histoire freudienne,
il y a d’habitude un trou, entre 1895 et 1900, comme si rien ne s’était passé, notamment en
1897… » Quel sens donner à cette étrange absence ? L’auteur nous éclaire dans cet ouvrage.
Le B’nai B’rith fait ainsi partie de la globalité de l’histoire affective, donc transférentielle,
investie par l’inventeur de la psychanalyse et généralement, sans le savoir, par ses successeurs,
ses héritiers jusqu’à aujourd’hui.
Par Roland Gori, à lire dans Libération
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