Les profs de philo défendent l'enseignement de la philosophie !

Communiqué de presse

AG des professeurs de philosophie de l’Académie de Nice (AG-PPN)

Le 3 juillet 2012


Les profs de philo défendent l'enseignement de la

philosophie !


Contacts Presse :

  • Pour les Alpes-Maritimes : Julien Perbost (06 65 76 60 76)

  • Pour le Var : Julien Lotito (06 33 10 82 00)

 

Dans un souci de transparence, d'information des opinions publiques, de respect des usagers du service public d’éducation et des organes de presse, l’Assemblée Générale des Professeurs de Philosophie de l’académie de Nice (ci-après dénommée AG-PPN) diffuse le communiqué suivant.

 

Jamais l'enseignement philosophique n'a été aussi demandé et attendu par la société, et pourtant jamais il n'a fait l'objet d'attaques comparables à celles qu'il va subir dès la rentrée prochaine. D'un côté on entend dire qu'il faut plus de philosophie à l'école, de l'autre on constate qu'en réalité on va supprimer les moyens nécessaires à un enseignement philosophique digne de ce nom. Constatant l’aggravation des conditions d’enseignement de la philosophie dans les lycées de l’académie de Nice occasionnée par l’application aux classes terminales de la réforme des lycées dès la rentrée de septembre 2012; considérant le préjudice occasionné à l’instruction des élèves par cette application, l’AG-PPN a adopté deux motions lors de sa réunion du 29 juin 2012. Vous en trouverez les textes dans l’annexe suivante.

 

La première motion, adoptée à l'unanimité, dénonce la mise en oeuvre de la réforme des lycées, qui conduit à une concurrence entre les disciplines et entre les équipes pédagogiques. Cette réforme donne une autonomie aux établissements, mais supprime en même temps les moyens de la mettre en œuvre, ce qui occasionne des coupes sombres dans certains enseignements au profit d’autres, sous la seule autorité du chef d’établissement, qui justifie ses choix (en définitive arbitraires) par les moyens qu’on lui donne. Cette situation induit des disparités intolérables dans la continuité et l’équité du service public d’éducation.

L’enseignement de la philosophie a été lourdement sanctionné par ce dispositif discriminatoire dans l’académie de Nice comme partout ailleurs en France, ce qui se traduit par une suppression massive des dédoublements d’une heure d’enseignement dans les séries S et STI dès la rentrée 2012, dans les autres séries technologiques à la rentrée 2013. Concrètement, cela signifie que l'enseignement de la Philosophie ne se fera plus dans la plupart des cas qu'en classe entière, au préjudice des conditions d'étude des élèves.

L’AG-PPN tient à alerter le public, les élèves et leurs familles, sur le fait que le nombre de classes et d’élèves dont peut s’occuper un professeur de philosophie, pourra varier du simple au double (de 4 à 8 classes, de 140 à 280 élèves) selon les établissements, que ces conditions d’enseignement sont non seulement insupportables pour les enseignants, mais préjudiciables aux élèves, et sources d’iniquité scolaire flagrante.

 

 

La seconde motion, adoptée à la majorité, appuyant la première et destinée à exprimer la détermination des personnels d’enseignement de la philosophie, décide de ne pas rentrer les notes de philosophie de la session du baccalauréat des séries générales et technologiques 2012 pour la date limite officiellement fixée le mardi 3 juillet 2012 à 10h00. Cette motion, largement discutée, a pour fonction d’alerter les autorités hiérarchiques sur la détermination des mandants.

 

L’AG-PPN, dans ses discussions, a accueilli favorablement les annonces du nouveau gouvernement concernant la politique d’éducation de la nation, le rétablissement de l’équité scolaire et l’intention de véritables réformes structurelles favorables aux missions de l’institution. Elle est consciente que ces rétablissements ne pourront s’effectuer du jour au lendemain, mais tient à alerter les autorités sur la forte dégradation des conditions d’éducation dans le pays et sollicite une amélioration des conditions dès la rentrée 2012. Les professeurs de philosophie de l’académie de Nice, convaincus de la légitimité de leurs requêtes, s’engagent à défendre résolument leurs revendications dans les semaines et les mois à venir.

 

Dans cette intention, et dans l’espoir d’un règlement diligent, les professeurs de l’AG-PPN ont demandé audience (voir plus bas pour les détails) aux autorités administratives et pédagogiques de l’académie, afin d’exposer clairement et posément leurs inquiétudes et de négocier les aménagements immédiatement disponibles dans l’académie de Nice pour rétablir l’équité scolaire et les conditions d’enseignement qui la favorisent.


L’AG-PPN invite les organismes de presse à la contacter pour toute information complémentaire.


 

ANNEXE 1 : MOTIONS VOTEES

 

MOTION 1 (approuvée à l'unanimité)

 

La suppression des dédoublements de droit imposée par la réforme des lycées implique une dégradation inédite des conditions d’enseignement de la Philosophie dans les séries scientifique et technologique. Elle constitue une atteinte au principe d’égalité des conditions d’apprentissage de tous les élèves et elle pénalise les plus fragiles d’entre eux. Elle alourdit les services des professeurs, la charge de travail qui en découle, et les prive du temps nécessaire au suivi et à l’évaluation du travail de chacun de leurs élèves. Elle menace à terme le statut même de la philosophie dans l’enseignement secondaire en tant que discipline ouverte à tous, présente dans toutes les séries des filières générale et technologique.


Les professeurs de philosophie de l’Académie de Nice demandent dès la rentrée prochaine :


- le rétablissement de la quatrième heure professeur en série scientifique,

- le rétablissement du dédoublement de droit de la deuxième heure en séries technologiques.

- un cadrage national précis des heures dédoublées dans toutes les séries.

 

MOTION 2 (approuvée à la majorité)


Considérant qu'il en va pour nous de notre santé et des conditions fondamentales qui nous permettent de dispenser un enseignement de qualité, nous décidons une rétention d'une journée des notes du baccalauréat, pour montrer que nous sommes déterminés, si nos revendications ne sont pas entendues rapidement, à agir à partir de maintenant, et tout au long de l'année prochaine, pour sauver les conditions de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale et obtenir le maintien du dédoublements de droit de la dernière heure en séries scientifique et technologique.

 

 

ANNEXE 2  :

Bref compte-rendu de l'audience au Rectorat du lundi 2 juillet

Reçus le lundi 2 juillet par les services de l'Inspection Académique au Rectorat de Nice, les délégués de l'AG-PPN ont pu y porter leurs demandes, sans obtenir d'avancée concrète significative. Lors de cet entretien, ils ont rappelé le sens de leur démarche, et demandé au Rectorat de prendre les mesures nécessaires (et possibles) pour minimiser l'impact de leur démarche sur les jurys d'examen et les élèves. Le représentant du Rectorat a laissé entendre que de telles mesures sont en discussion, sans pour autant confirmer qu'elles seront prises : il reste donc à ce jour de la seule responsabilité du Recteur et de ses services d'acter le caractère symbolique de notre démarche, ou d'accroître la désorganisation de l'examen du baccalauréat.










 

 

Par Roland Gori, à lire dans Libération