Les Bluets replongent dans la crise

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Alors qu’un protocole d’accord avait été signé le 19 octobre entre l’agence régionale de santé et la CGT, cette dernière a dénoncé hier le risque d’« asphyxie » de la maternité.

On avait cru à une sortie de crise. Il semblerait que celle-ci ne soit pas encore au bout du chemin. Alors qu’un protocole d’accord tripartite avait été signé le 19 octobre entre l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, l’Association Ambroise Croizat, gestionnaire de la maternité parisienne des Bluets, et la fédération CGT de la métallurgie pour mettre fin à des tensions récurrentes dans l’établissement depuis huit mois, voilà qu’un nouveau spasme secoue à nouveau ce fleuron de l’accouchement sans douleur.

Hier matin, pas moins de cinq cents personnes ont ainsi manifesté à l’appel de la CGT devant l’ARS d’Île-de-France, dans le nord de Paris, pour dénoncer l’injonction qui serait faite aux Bluets de réduire son activité pour les prochains mois, faute de personnel suffisant. « On nous demande de réorienter des centaines de futures mamans dans l’urgence vers des structures inconnues, c’est n’importe quoi », s’emporte Hakim Naili, le président de l’Association Ambroise Croizat. « À l’heure de la tarification à l’activité, cette baisse qu’on nous impose, c’est, à terme, la fermeture assurée pour la maternité et, par ricochet, pour toute l’association Ambroise Croizat et ses trois centres de rééducation professionnelle. Soit 650 salariés au total », souligne de son côté Michel Ducret, le secrétaire de la fédération CGT des métallos. Il y a trois semaines pourtant, un certain soulagement avait accompagné la signature du protocole d’accord, qui faisait suite à la décision de la Haute Autorité de santé de refuser la certification de la maternité. Ce protocole, établi pour six mois, clarifiait la gouvernance au sein des Bluets, en distinguant plus clairement « direction administrative » et « direction médicale ». Et prévoyait que « les équipes permanentes du secteur maternité/salle de naissance (seraient) renforcées ». Or, c’est là que le bât blesse aujourd’hui. « Lundi soir, nous avons trouvé un chirurgien-obstétricien. Il nous en manque encore un. Et dans cette recherche, l’ARS ne joue pas du tout son rôle. Au contraire, elle nous met des bâtons dans les roues », assurent les responsables de la CGT et d’Ambroise Croizat.

Les femmes continuent de faire confiance aux Bluets

Chez les personnels des Bluets, c’est à nouveau la douche froide. « Le protocole avait suscité à la fois espoir et méfiance, témoigne une salariée. Mais là, on déchante vraiment. » À bout, sur un rythme qui pourrait les amener à atteindre les 3 500 accouchements en un an, les équipes médicales ne seraient pas forcément contre une diminution provisoire de l’activité, le temps de mener à bien les recrutements nécessaires. « Sauf que des chirurgiens-obstétriciens, ça ne se trouve pas aussi facilement que cela », prévient cette salariée.

Les femmes, elles, continuent de faire confiance aux Bluets. 2 500 se sont déjà inscrites pour y accoucher en 2017. Hier, l’ARS a renvoyé cet épineux dossier à une nouvelle réunion du comité de suivi du protocole, la semaine prochaine.

rubrique société

Par Roland Gori, à lire dans Libération