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La marchandisation de l’humain est une pratique ancienne. Il suffit de penser à l’histoire de l’esclavage depuis l’antiquité. A l’époque moderne, la marchandisation de l’humain a été globalement liée au colonialisme. Qu’en est-il aujourd’hui ? La mondialisation du capitalisme et son extension à tous les domaines, non seulement celui des biens matériels mais aussi celui des biens immatériels (culturels) et, au-delà, jusqu’aux biens communs indispensables à la vie et au vivant, ont étendu le domaine de la marchandisation de l’humain. On peut ainsi distinguer trois figures de la marchandisation dans la période actuelle. Tout d’abord la marchandisation forcée, c'est-à-dire l’esclavage moderne, forme contemporaine de l’esclavage traditionnel. A quoi il faut ajouter la prostitution forcée et le travail également forcé. A cette première figure s’ajoute une seconde qui correspond aux conditions que l’on fait à certaines classes de travailleurs qui sont obligés d’accepter (« volontairement ? ») des formes de travail proches de la servilité.
Cela ne concerne pas seulement le travail en Chine, mais aussi les pratiques mises en place dans les démocraties où un bon nombre d’individus sont contraints d’accepter des conditions de travail proches de la servilité pour survivre. Il y a enfin une troisième figure de la marchandisation qui se développe à travers les progrès des biotechnologies. Il en va ainsi des trafics d’organes. L’augmentation permanente de la demande de transplantation fait le lit d’un trafic d’organes qui se développe mondialement. La communauté internationale s’était pourtant opposée officiellement en 2008 à toute forme de commerce des organes par la déclaration d’Istanbul qui proposait des pistes destinées à favoriser le développement de la transplantation. Six ans après la publication de ce texte, le trafic persiste. De même la PMA, la GPA (mère porteuse), autorisées dans certains pays et interdites dans d’autres, sont en train de constituer de nouveaux circuits commerciaux internationaux. Il ne s’agit pas là de phénomènes superficiels mais de tendances profondes qui mettent les sociétés contemporaines en contradiction avec elles-mêmes. Ces trois figures contemporaines de la marchandisation de l’humain sont recouvertes par des idéologies qui tentent d’en masquer la réalité. Les droits fondamentaux de la personne humaine se trouvent bien entendu niées par ces formes de servitude forcée ou prétendument volontaires. Ce sont ces phénomènes dont il s’agit d’examiner les processus et les effets. Mais au-delà du constat et de l’analyse des procès de marchandisation, il s’agira de mettre en évidence les types de résistance individuels et collectifs qui peuvent leur être opposés.
Programme
14h30- Ouverture par Frédéric Dardel, Président de l’Université Paris Descartes, SPC
15h- Jacob Soll (University of Southern California) : « L’invention de l’individu comptable au XVIe et XVIIe siècles »
16h- Ruwen Ogien (CNRS) : « ‘La marchandisation du corps humain’ : un slogan confus et dangereux »
17h- Yves Charles Zarka (Université Paris Descartes, SPC) : « La marchandisation du corps humain : réalité du corps fétichisé »
18h- Vanessa Nurock (Université Paris 8 – Saint Denis) : « Le don d’organes entre vivants »
10h30- Christian Hervé (Université Paris Descartes, SPC) : « Notre corps nous appartient-il ? »
11h30- Paul Valadier (Centre Sèvres) : « l’ambiguïté du don »
14h30- Roland Gori (Université d’Aix Marseille) : « De la jouissance d’être marchandise »
15h30- Marie-France Mamzer (Université Paris Descartes, SPC) : « le trafic d’organes »
16h30- Marcel-Louis Viallard (Université Paris Descartes, SPC) : « L’enfant marchandise »
Par Roland Gori, à lire dans Libération
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