Soutenez l'Appel des Appels
Paris, 30octobre 2021
Les Signataires Collectif POP appellent les UFR de psychologie, les enseignants chercheurs et étudiants en psychologie ainsi que
les associations et syndicats d'enseignants et d'étudiants en psychologie à se mobiliser et à informer au sujet de la mise sous
tutellemédicale et des pouvoirs publicsde l'exercice du métier de psychologue.
Cette mise sous tutelle se fait au travers de plusieurs dizaines de dispositifs expérimentaux rendus possibles par les dernières
lois de financement de la Sécurité Sociale, par des arrêtés et des cahiers des charges des ARS qui rendent le passage par le
médecin généraliste -voire le psychiatre et d’autres médecins-obligatoire pour accéder au psychologue en libéral. Ilsimposent
à chaque fois le cadre d'exercice quand ce n'est pas les choix d'orientationet pour certains d’entre euxla prescription. Nous
perdons nos compétences d'évaluation et notre capacité à choisir nos méthodes et nos techniques. L'accès direct au
psychologue, rappelé dans le premier principe du Code de Déontologie, n’est plus. Notre autonomie est perdue. Nous devenons
de simple exécutant, coupé de la réflexion théorique alimentée par les différents courants et disciplines de la psychologie.
Les dispositifs expérimentaux qui sont mis en œuvre depuis 2018, les arrêtés et les dispositifs "chèques psy gratuits" -au nom de
la solidarité citoyenne -nient notre Code de Déontologie, nos compétences, notre autonomie et fragilisent notre appartenance
aux Sciences Humaines et Sociales ainsi quenotre unité.
Ils ne permettent pas un travail de qualité et ne peuvent répondreà la souffrance psychique des personnes quand ils ne
l'aggraventpas. Ils posent donc un problème éthiquemajeur.
Ces dispositifs impactent directement les psychologues cliniciens et psychologues psychothérapeutes libéraux mais également
les psychologues exerçant dans le secteur médico-social. Les CMPP sont par exempleremplacés par des Plateformes de
Coordination et d'Orientation pour les "Troubles Neuro Développementaux" (arrêté du 10 mars 2021). Les psychologues salariés
en CSAPA sont amenés à intervenir dans un cabinet médical de ville dans le cadre dudispositif expérimental EQUIP'ADDICT.
Ces mesures s'apparentent à une réforme à bas bruit de nos pratiqueset à une paramédicalisation de notre profession. Nous
apparaissons ainsi dans un nombre croissant d'articles du Code de la Santé Publiqueen lien avec des arrêtés qui dictent nos
pratiquesalors que nous ne sommes pas professionnelsde santé. Il se dessine par ailleursclairementl'intentionchez les
politiques d'inciter ceux d'entre nous qui le souhaitent, à devenir auxiliaire médicaux via ces dispositifs.
Nous observons, depuis le début de l'année2021, une nette accélération de cette mise sous tutelle avec l’émergence d'un
nombre conséquent de dispositifs expérimentaux, la publication de plusieurs arrêtés, la promulgation à venir de la Loi de
Financement de la Sécurité Sociale 2022 et des tentatives de légiférer la profession via des propositions de loi. C'est pour ces
raisons que nous décidons de venir vers les universités.
Si ces mesures touchent déjà les psychologues cliniciens, les psychologues psychothérapeutes et les neuropsychologues, en
particulier en exercice libéral, les psychologues de toutes les disciplines sont concernés.
Notre collectif, qui rassemble de nombreux enseignants chercheurs, réalise une veille extrêmement vigilante sur toute tentative
de mise sous tutelle de notre profession que ce soit par notre inscription dans le Code de la Santé Publique en tant que
professionnel de santé -quel que soit le livredu Code -, par une structuration de notre profession ou une refonte de notre
formation via des initiatives extérieures à notre profession. Notre collectif s'est constitué autour d'une lettre en réaction à la
proposition de loi n°4055,visant la création d'un ordre des psychologues et notre inscription dans le Code de la Santé Publique,
et aux différents rapports (IGAS,Courdes Comptes) attaquant notre formation. Ces rapports ainsi que des Think Tank tels que
l'Institut Montaigne disqualifient notre formation universitaire et légitimisent ainsi un contrôle médical de notre exercice et
appellent à une refonte de notre formation sous supervision médicale.Des tentatives ont déjà eu lieu et ne seront pas les
dernières.
Notre appartenance aux Sciences Humaines et Sociales et la pluralité des disciplines de la psychologie et des approches
épistémologiques en psychologie clinique et psychopathologie fondent notre autonomie et notre capacité à intervenir dans tous
les champsde la société. Ces dispositifs en tentant de paramédicaliserles psychologues intervenant dans le champ de la santé
sont une atteinte à notre spécificité Sciences Humaines et Sociales et le début d'une mise sous tutelle médicale de l'ensemble
des psychologues, toutes disciplines confondues.
Ces dispositifs précarisent notre profession en proposant uniquement des prises en charges à bas coût sans dépassement
d'honoraire possible donc non viables pour un psychologue exerçant en libéral. Il a été annoncé parle Président de la
République, lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatriedu 27 et 28 septembre 2021, que le remboursement des
consultations de psychologues permettraitaux psychologues qui ne trouvent pas de poste de pouvoir enfin travailler,arguant
ainsi l'argument du plein emploi. Nous savons tous que les psychologues en difficultés sontle plus souventles jeunes diplômés,
peu expérimentés. Leur vendre un dispositif dangereux pour la profession, délétère pour les personnes en souffrance psychique
etnous maintenant dans la précarité, démontre un réel manque de considération pour toute notre profession et les usagers.
Plus grave, le gouvernement n’a pas attendu que laprochaine loi de financement de la Sécurité Sociale 2022 passe pour d’ores
et déjà présenter le dispositif des annonces présidentielles du 28 septembre sur le site du Ministère des Solidarité et de la Santé.
Il est question de sélection des psychologues. Notre diplôme et nos spécialisations en Master ne suffisent plus, ce qui
s’apparente à une remise en cause de notre titre. Nos compétences sont clairement limitées et dénigrées puisqu’en cas
d’intensification du mouvement dépressif ou de l’anxiété, le suivi devra être stoppé pour être redirigé vers un professionnel plus
compétent. Enfin il est clairement mentionné que l’objectif est d’intégrer tous les psychologues dans ce type de parcours. Il est
urgent de nous mobiliser et de promouvoir un boycott massif de tous ces dispositifs.
Vous trouverez ci-joint à ce courrier un récapitulatif des dispositifs et une chronologie des différentes mesures qui viennent
réglementer notre exercice, nos pratiqueset notre profession.
Deux manifestations et journées de grèves des psychologues sur tout le territoire français ont déjà eu lieu le 10 juin 2021 et le
28 septembre 2021. Cette mobilisation de la profession est sans précédent et tout à fait inédite.
Uneprochaine mobilisation aura lieu le 18 novembre 2021dans le cadre de la défense plus globale du Secteur Médico-Social.
Nous joignons à ce courrier notre appel à la mobilisation pour le 18 novembre.
Nous espérons voir en nombre à nos côtés les enseignants chercheurs, les étudiants et leurs associations respectives. Il en va de
l'avenir de notre profession et de l'avenir des étudiants en psychologie.
Notre collectif soutient et appelle à toute initiative d'information sur la situation au sein des universités.
Les Signataires Collectif POP
277 cosignataires
10000signataires de la forme pétitionnaire de la lettre fondatrice du collectif:
https://www.change.org/Appel_A_Signature_Lettre_Ouverte_Retrait_PPL_Ordre_Psychologues_Inscription_CS
Par Roland Gori, à lire dans Libération
Copyright © 2011 L'Appel des appels | Tous droits réservés - Contact