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Rapport Moral de Roland Gori lors de l'Assemblée générale de l'Appel des appels

Rapport Moral de Roland Gori lors de l'Assemblée générale de l'Appel des appels

Appel des appels 18 septembre 2021

 

 

Rapport moral de Roland Gori

 

Depuis l’appel initial de décembre 2008, les journées et les publications d’ouvrages, ont progressivement cédé la place à des exposés et des débats. Les dernières journées, en septembre 2019, se sont tenues au Toursky à Marseille grâce au groupe des jeunes « marseillais » (Sébastien, Théo, Paul et d’autres). La pandémie de Covid aidant, nous avons organisé ces derniers 18 mois des débats en zoom autour de l’épidémie sur le thème de « De la société de l’imposture au courage de la vérité au temps du Covid-19 » avec des invités des différents secteurs professionnels de l’Appel des appels. Ces débats de grande qualité ont été enregistrés par notre ami Christian Mrasilevic et sont disponibles sur le site grâce à Fabrice Leroy. Ils seront prolongés cet après-midi, après notre AG du matin, par la question de la « Riposte des métiers » centrée sur l’éducation et le soin. Nous avons, entre autres, entendu à l’occasion de ces réunions en zoom :

Pour la culture, Robin Renucci et Christian Malaurie

Pour l’information, Charles Silvestre, Sylvestre Huet, Anne-Cécile Robert

Pour la recherche, Bruno Canard, Bruno Chaudret, Jean-Michel Claverie, Frédéric Pierru

Pour l’éducation, Julie Caupenne, Erice Demougin, Thomas Schauder

Pour la justice, Evelyne Sire-Marin

Pour la santé, Christophe Prudhomme, Dominique Terres, Sébastien Firpi, Marie-José Del Volgo, Delphine Glachant, Claude Schauder

Et, il m’est arrivé d’y ajouter mon « grain de sel ».

Ces vidéos des quatre réunions en zoom sur le thème de « De la société de l’imposture au courage de la vérité au temps du Covid-19 » sont visibles sur you tube et sur le site de l’Appel des appels. Ces documents précis et précieux ne sont pas « utilisés » dans nos actions militantes et de recherches et c’est bien dommage. J’y reviendrai.

L’Appel des appels (représenté par Fabrice Leroy), le Printemps de la psychiatrie (Delphine Glachant), le collectif des 39 (Martin Pavelka) ont déposé un recours en annulation contre l’arrêté du 10 mars 2021 sur les pratiques des psychologues réduits à des opérateurs techniques de plateformes diagnostiques. C’est une attaque frontale contre un des métiers du soin. Nous avons participé à des actes collectifs de mobilisation (Dominique Terres, Fabrice Leroy, Sébastien Firpi et Roland Gori notamment). Nous devrions participer à des actions « tintamarre » contre la tenue des Assises de la santé mentale organisées dans la collaboration du Ministère de la santé et de Fondamental (officine de la néopsychiatrie proche de l’Institut Montaigne).

Nous avons un peu partout reçu un excellent accueil dans la plupart des manifestations et dans certaines régions le travail remarquable des membres des comités locaux produisent des effets symboliques, politiques et philosophiques. Notamment grâce au travail excellent des Schauder, Nicole, Claude et Thomas, à Strasbourg. A Marseille les jeunes marseillais avec Sébastien Firpi, Théo Lucciardi et Paul Henry de Villeneuve ont célébré dignement les 10 ans de l’ADA.

Il a fallu du désir pour créer l’Appel des appels et il en faudra pour relancer l’Appel des appels. Nombreux ont été les départs de notre association qui s’est toujours révélée très fluide et poreuse. Mis à part les trois derniers départs (Michel Chauvière, Catherine Caleca et Patrick Geffard), tous les autres relèvent d’un éloignement physique plus que politique et affectif. Nous n’avons pas de grilles de carrière et d’avancement à offrir et chacun vient y trouver ce qu’il apporte et partage avec les autres.

 

Depuis maintenant 13 ans que l’Appel des appels a été initié par Stefan Chedri, moi et quelques autres, tous les évènements qui ont suivi nous ont donné raison. C’est assez exceptionnel. Nos analyses recueillies dans des ouvrages et des vidéos ont été validées par les faits sociaux depuis cette époque. Quasi-expérimentalement. Notamment, l’ubérisation des métiers, la prolétarisation des professionnels et la paupérisation des emplois. Les nouvelles technologies devenant les instruments de soumission aux pouvoirs de ce capitalisme néolibéral.

 

Une proposition de rapprochement nous a été faite de la part de Bernard Teper et son journal hebdomadaire Respublica, fondé en 1999 avec 42 700 abonnés gratuits aujourd’hui. Cf mon article « La cité du travail, une solution aux impasses de la gauche ? » publié le 4/09/21 https://www.gaucherepublicaine.org/author/roland_gori

 

Aujourd’hui il faut une relève. Je veux bien pour ma part animer un foyer de production de savoirs avec d’autres mais il me semble que l’articulation avec les actions politiques de terrain doivent être le fait d’une nouvelle génération. Les « marseillais », Sébastien, Théo et Paul, ont écrit un projet dans ce but. Thomas Schauder pourrait aussi s’impliquer dans ce renouveau. Ils pourraient ensemble, et avec quelques représentants des fondateurs comme Stefan et Marie José mettre en place une cellule de rédaction de la newsletter.

Plusieurs des acteurs sociaux, et même parmi nous, nous ont reproché de demeurer sur le plan de l’analyse sociale et d’articuler insuffisamment notre pensée aux actions de terrain. J’ai toujours, dans le sillon d’Hannah Arendt, dit mon agacement face à ce clivage aussi faux épistémologiquement que politiquement (cf Arendt).

Mais qu’à cela ne tienne, diversifions nos activités et que ceux qui veulent davantage aller sur le terrain y aillent pour représenter l’ADA. Je l’ai dit, pour ma part je souhaiterais développer les activités de débats et de séminaires.

 

Je pense qu’il est temps d’envisager soit une mise en sommeil de l’Association si la relève tarde, soit de se donner les moyens de transmettre notre expérience par une jonction des générations de la fondation et celles de la poursuite du futur. C’est ce que je vous propose par la création d’un Conseil d’Administration élargi composé de binômes, un « jeune » et « un sage ». Nous éviterons la langue néolibérale stigmatisant les « seniors » et les « vieux » au profit d’un « jeunisme » toujours relatif. Il y a trop de psy parmi nous pour savoir que l’âge ne fait pas tout dans l’affaire. Demeure à venir au bout d’une année l’élection d’un nouveau président, faute de quoi il faudra mettre l’association en sommeil sans pour autant exclure des initiatives. De ce fait, il n’y a pas à proprement parler de binôme à la présidence, le jeu demeurant ouvert à toutes les générations.