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Les correspondances entre les guerres et leurs rebondissements

Après-midi du 22 juin 2024 Appel des appels 14h30 - 17h30

 

Maison des associations 75005 Paris et en visio

Renseignements et inscriptions : contact@appeldesappels.org

Les correspondances entre les guerres et leurs rebondissements

 

Charles Silvestre : Pourquoi les guerres ? Et comment ?

Le comment des guerres dit quelque chose sur le pourquoi. Le cas le plus frappant est celui de 1914-1918 enchainant sur 1939 – 19 45. Hitler a exacerbé, chez les Allemands, la honte du Traité de Versailles signé en 1919 , véritable fabrique des  SA et des SS. Mais la guerre d’Algérie ( 1954 – 1962 ) a elle aussi souffert de  ce rebondissement. Cette fois-ci ce sont les colonisés qui ont été sacrifiés  à l’empire.  On a cru, un temps, que cette page, noire, était tournée. On se trompait lourdement. 

Charles Silvestre est journaliste, ancien rédacteur en chef de L'Humanité, vice-président des Amis de L'Humanité et membre du CA de l’Appel des appels

 

 

Robert Gelli : Rendre la justice pendant la guerre. Est-ce possible ?

Le droit international définit des limites au droit de la guerre et fixe les frontières de l’interdit inspiré par la protection des populations civiles et l’usage par les combattants d’armes proscrites ou de tactiques inhumaines, dont il convient de s’interroger sur le point de savoir si le recours à l’intelligence artificielle et à des « soldats robots » peut être aisément inclus.

Que peut la justice pour faire respecter ces règles. Les justices nationales, compétentes pour juger de ces atteintes sont-elles en mesure de jouer ce rôle ? Celles des belligérants ne sont-elles pas concentrées sur la répression de ceux qui s’opposent au conflit ? Celles des pays tiers ne peuvent-elles pas être instrumentalisées au service de leur position officielle sur le conflit ? Il sera, à cet égard, intéressant d’analyser l’usage de l’apologie du terrorisme dans le cadre d’un conflit par un pays non belligérant.

Reste la justice internationale, la Cour de Justice Internationale (CJI) pour régler les litiges entre Etats et la Cour Pénale Internationale (CPI) compétente pour juger les auteurs des atteintes les plus graves envers les populations civiles, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocides. Cette dernière, pour les conflits en Ukraine et en Palestine, et ce compris les actes commis par le Hamas le 7 octobre en Israël, a déclenché des investigations très vite pendant la guerre, avec l’ouverture d’enquêtes et la délivrance de mandats d’arrêt contre les plus hauts dirigeants, exposant le parquet de la CPI à des difficultés d’établissement de la preuve sur les lieux des conflits, ainsi qu’à des représailles et à des menaces de rétorsion.

Robert  Gelli est magistrat honoraire, ancien procureur général, directeur des affaires criminelles du ministère de la justice, procureur de la République, déontologue auprès de la Haute autorité de santé, vice-président de l'Appel des appels. 


Roland Gori : Pourquoi les guerres ? 

 Le XXIe siècle sera-t-il celui de la « destruction » totale de la terre et du vivant, la globalisation de la mort et la mondialisation de l’anéantissement ? Il convient de se poser la question au moment où, comme l’écrivait déjà Albert Camus, nous vivons dans « un monde où le meurtre est légitime et où la vie humaine est considérée comme futile. Voilà le premier problème politique d’aujourd’hui ». Le XXIe siècle a émergé sur fond de terrorisme. Aujourd’hui, ce sont les États eux-mêmes qui s’abandonnent au cœur de l’Europe à des guerres dont le caractère terroriste fait d’autant moins de doute qu’ils l’ont préalablement rôdé au Moyen Orient.

Roland Gori est professeur honoraire de psychopathologie à l’université, psychanalyste, essayiste, président de l'Appel des appels.