17 NOVEMBRE 2010 : « L'amour du me?tier » E?valuation Souffrance Conflit

Mercredi 17 novembre à la Bourse du Travail de Paris, à l'initiative de l'Appel des Appels et des organisations syndicales nationales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, Syndicat de la Magistrature, 200 syndicalistes et professionnels de différents métiers et de différents secteurs ont inauguré un espace de réflexion collective sur le travail par de passionnants échanges transversaux à partir du thème de « l'amour du métier ».
Toute la matinée au sein de sept ateliers, la parole a circulé entre les salariés de France Télécom, de Renault, de la SNCF, de l'édition, du travail sanitaire ou social, de la médecine, de la justice, de l'enseignement. Moment exceptionnel de croisements multiples des points de vue entre professionnels de secteurs les plus divers, syndicalistes et chercheurs : des magistrats, des employés, des chirurgiens, des enseignants, des ouvriers, des éducateurs, des psychologues, des consultants, des sociologues, des psychiatres, ont établi ensemble un diagnostic commun sur les évolutions du travail telles qu'ils les vivaient et les subissaient.

L'après-midi, les psychosociologues qui ont « facilité » la réflexion dans les ateliers du matin ont donné un aperçu des paroles les plus fortes échangées et des arêtes les plus vives des débats qui s'y sont déroulés.
Roland Gori, président de l'Appel des appels, a défendu dans sa conférence « L'évaluation : la nouvelle façon de donner des ordres ? » l'idée selon laquelle la « néo-évaluation » qui s'étend partout, obéit à une logique de quantification généralisée de l'humain sur le mode de l'audimat, rappelant que c'est cette technicisation même des relations sociales, accélérée par la financiarisation économique et le néolibéralisme, qui est le ressort de « l'insurrection des conscience » des professionnels.
Dans une table ronde finale, les représentantes et représentants des différentes organisations à l'initiative de cette journée ont témoigné des réflexions et des études que chacune d'elles mène sur les évolutions en cours et ont exprimé leur volonté de poursuivre ce mode transversal d'analyse.
L'Appel des appels et les organisations syndicales ont décidé de se retrouver le 8 décembre afin de décider de la meilleure façon de populariser les apports les plus importants de cette première journée et de donner consistance à un espace d'intelligence et d'exigence commune voué au travail et au métier.
Inédite dans l'histoire du syndicalisme et des professions, cette journée appelle une suite. Elle a su montrer à travers ses aspects novateurs, le besoin beaucoup plus large d'une prise de parole des salariés sur leur activité professionnelle. L'enjeu est considérable. Le mouvement social contre la réforme des retraites, motivé en profondeur par la destruction des métiers et la déshumanisation des relations sociales, témoigne que nous entrons dans un nouvel âge des résistances et des luttes. Un âge où « l'amour du métier » n'est pas une nostalgie mais une espérance.

Le même jour, le comité de Bordeaux de l'Appel des appels tenait une journée de même type et sur le même sujet avec les organisations syndicales de salariés.