Déclaration concernant le vaccin contre la Grippe A

La vaccination contre la grippe A : un modèle de « management panique »






Depuis 8 mois, le gouvernement et ses relais institutionnels informent nos concitoyens des risques de la grippe A (H1N1v). Ils le font avec conviction et détermination. En effet, la grippe A peut donner lieu à des complications pulmonaires parfois mortelles. Comment prévenir ce risque ? En vaccinant la plus large population possible car le virus est particulièrement contagieux. Cette vaccination suscite une réserve certaine, susceptible d'en entraver la diffusion .Cette méfiance tient au moins en partie à certains choix faits par les autorités et avant tout à l'exclusion du circuit de la vaccination des médecins traitants qui assurent habituellement la vaccination contre la grippe saisonnière, et des hôpitaux en charge des missions de service public ? Cette attitude a donné à la population le sentiment que le vaccin contre la grippe A n'est pas un vaccin comme les autres.

La compagne de vaccination commence, et à quoi assiste t-on ? A une improvisation .On cherche à trouver à la hâte des solutions de fortune. Huit mois d'information sans cesse répétée pour en arriver là, tandis que s'exprime une préoccupation croissante de nos concitoyens, tiraillées entre la peur de la grippe dont on rapporte chaque jour le nombre des victimes, et la crainte de la vaccination accentuée par le défaut évident d'organisation du dispositif. A quoi est dû cette errance qui conduit un jour à réquisitionner les internes des hôpitaux, le lendemain à annoncer des vaccinations dans les entreprises (les familles du personnel seront-elles concernées ?) ? L'explication est simple. On a voulu créer ex nihilo un système dont sont exclus les médecins de famille et les hôpitaux ? On en arrive à la situation abracadabrantesque suivante : des centres de vaccination sont ouverts à côté des hôpitaux eux-mêmes exclus du système, alors que pour fonctionner, ces centres font appel via la police et la gendarmerie si nécessaire aux internes qui, s'ils sont des praticiens en formation, n'en sont pas moins nécessaires à la vie hospitalière et participent notamment à la fluidité de l'aval des urgences. Et ceci doit se poursuivre jusqu'en mars 2010. Entre temps, les hôpitaux déjà victimes d'une réduction drastique des emplois d'infirmières, auront eu à affronter un facteur supplémentaire de désorganisation qui aura retenti sur la continuité des soins. Voilà où mène une attitude de défiance systématique vis-à-vis des professionnels, et d'infantilisation des citoyens. La solution ? Replacer le médecin traitant au c%oe%ur du dispositif et confier à l'hôpital la mission qui fait sa fierté: celle du service public.

Professeurs Olivier Lyon Caen, André Grimaldi , Thomas Similowski, Bruno Riou