Comité local "Sauvons l'éthique 93"

Après la rencontre du 10 avril dernier

Le 10 avril et après ?

A la question de savoir comment ça s'est passé à Aubervilliers, dans le 93, il nous faut attendre l'avenir et nos prochaines rencontres pour y répondre. Ce que l'on peut dire à chaud? : Une "belle rencontre". Débats, palabres, égarements, incursions, prises de conscience partagées. Quelques insurrections des consciences, advenues dans les actes, ici ou là, à l'école, ou dans certains services publics, un cabinet médical, au sein d'une cité, nous ont été relatées et ont donné lieu à des discussions, dont entre autres ce devoir d'insoumission ou de désobéissance citoyenne, inscrit dans le droit. Quelques incursions venues d'ailleurs et qui nous ont traversés.

Écoute attentive, en particulier des plus jeunes, qui s'instruisent, découvrent, puis anticipent le poids de la responsabilité qui va bientôt leur revenir, quand ceux d'entre nous ne seront plus assez jeunes pour continuer à transmettre, comme nous le faisons, notre appel à rester éveillés, agir en commun et en mouvement avec d'autres afin de produire du sens, refuser d'aliéner l'autre et endommager les acquis de tant de générations passées. Le renouveau n'est pas en train de se faire pour le meilleur mais pour le pire et nous avons tous entendu, à travers les témoignages multiples, les différentes sonorités de la machine à détruire les acquis.

L'expérience du quotidien institutionnel dont les missions sont devenues productrices de non-sens, nourrit en nous tous du moins celles et ceux qui se sont autorisé (e)s à prendre la parole l'on exprimé- le sentiment d'un monde absurde et d'instances politiques qui ne font que courir après le chaos et l'absurde. Tout en prétendant réguler? pour tous, elles précipitent et amplifient les dérégulations au lieu de les endiguer et de les réduire. En ramenant le tout au champ de la responsabilité individuelle, les techniques du management-évaluation permettent de mieux faire ignorer les effets délétères des formes sociales et organisationnelles imposées. Seules les mises en mouvement permettent de déjouer cette machine infernale, faite sur mesure pour habiller l'individu, l'isoler des autres, l'anéantir, au bout du compte. Se souvenir aussi de cette demande de l'homme politique questionnant, en quête d'idées, mais peut être pas encore de sens justement, alors qu'un des fondements du système venait d'être radicalement critiqué par les intervenants : qu'aucune part de la société n'échappe au principe de la concurrence, c'est à dire la guerre de tous contre tous.

Nous n'ignorons pas que pour certains, pour beaucoup même, prendre l'initiative est synonyme de « faire sans être autorisé ». Or la machine à décerveler fonctionne déjà à plein régime, entretenue par les petites mains habituées à demander l'autorisation pour tous. L'impression d'avancer sur des ?ufs à certains moments, car les 60 à 70 participants qui sont venus se parler et s'écouter, ne se connaissaient pas sauf quelques uns, bien sûr, qui se connaissaient, les autres ont noué du lien et il y a eut quelques retrouvailles Quant aux huit intervenants qui nous ont fait réfléchir, en acceptant de ne parler que 15 minutes environ, nous leur disons merci et leur donnons rendez vous bientôt dans d'autres formes de mises en mouvement. Pour un quart de l'auditoire il y avait des moins de 30 ans, de jeunes professionnels en général du soin psychique ou du secteur sanitaire et social, de la petite ou grande enfance

Nous n'avons pas distribué à la fin de grille d'évaluation avec des unités quantifiables. Mais nous pouvons dire qu'assurément des liens se sont créés et que nous avons conscience que si cette première étape peut être considérée comme réussie, nous savons que les suivantes seront plus ardues. Nous savions aussi, par les différents retours que nous avions eus, que l'argument que nous avons rédigé et largement diffusé pour annoncer cette réunion, a fait écho ; et que celles et ceux qui l'ont reçu en ont parlé autour d'eux. Nous avons été remercié (e) s, en aparté ou en groupe, de l'initiative que nous avons prises, au moment de conclure, en reprenant plusieurs propositions de modes d'action à construire ou déjà engagés ici et là, par des participants, une proposition s'est dégagée : que ceux qui, dans leur institution, leur espace professionnel, en ont déjà pris l'initiative ou pourraient l'inaugurer organisent des déjeuners ou des petits déjeuner en faisant venir quelqu'un d'ailleurs, pour tenir palabre en dehors des cadres habituels pendant une heure ou une heure et demi, de façon à la fois improvisée et pensée.

Nous nous sommes revus en plus petit nombre les 4 et 24 mai et avions discuté des possibles continuations. Nous avons opté pour maintenir notre volonté de pérenniser notre action "trait d'union" pour toutes initiatives prises ça et là. Nous ne souhaitons pas nous substituer à ce qui existe déjà comme forums, organisations ou initiatives. Notre vocation s'énonce sous le signe du fil à tisser, chaine de liens, via notre site ou celui de l'appeldesappels, actuellement en remaniement.

Pour imaginer la suite, nous comptons sur les initiatives, les actions, les idées et les actes posés ou bourgeonnant dans notre département. L'ensemble des participants de notre journée du 10 avril est par conséquent, en toute logique, invité à agir par toutes idées de rencontre et de retrouvailles. Dès à présent, la chaine d'échange, de palabres et d'écoute est déclarée ouverte. Bienvenue à vous!